Alors que la pandémie de coronavirus se poursuit et que beaucoup d’écoles sont fermées, les Sœurs de Marie ont obtenu des dérogations pour garder les enfants dans les Villages et éviter de les renvoyer à la misère.

Sœur Maria Cho, la Mère Supérieure des Sœurs de Marie, nous explique dans cet article
comment les Sœurs ont relevé ce défi...
Quand la technologie se met au service de l'éducatif...

Comment les programmes éducatifs pour les enfants ont-ils continué, pendant cette pandémie ?

SŒUR MARIA CHO : "Nous n'avons pas arrêté nos programmes éducatifs. Nous avons continué de permettre aux enfants d'étudier. Cela a été possible, car nous avons notre propre calendrier scolaire et car les enfants sont en pensionnat dans nos écoles. Nous avons suivi les recommandations des gouvernements locaux pour pousuivre les cours, grâce aux technologies modernes : Zoom, Google Meet, YouTube, e-mails, groupes Whatsapp, blogs etc... Jusqu'à présent, les enfants sont en bonne santé. Ils ont participé avec les Sœurs à l'organisation des cours et aux services (cuisine, nettoyage...). Cela fait maintenant cinq mois que nous sommes dans cette situation de pandémie, mais les enfants restent bien occupés et réussissent très bien dans leurs études.

En général, nous avons poursuivi les cours grâce au système des "professeurs stagiaires". Cela signifie que les professeurs envoient leurs leçons et leur matériel d'apprentissage à l'administration du Village et que les cours sont ensuite donnés par des élèves, que nous avons identifiés comme "professeurs stagiaires". Ce sont des élèves qui ont été formés, avant le confinement, par les professeurs pour prendre en charge les cours en cas de calamité ou d'intempéries qui les empêcheraient de se rendre au Village. Les professeurs ont donc envoyé leurs cours par internet avec des visuels, des guides, des documents et des présentations PowerPoint, et des fiches de suivi étaient fournies par l'administration du Village pour permettre aux professeurs stagiaires de monitorer les activités et les leçons. Les professeurs stagiaires se sont régulièrement entretenus avec les professeurs pour leur faire part de l'avancement des élèves. Ce mode d'organisation a été la clé pour permettre aux enfants de continuer à étudier.

Sœur Maria Cho, Mère Supérieure des Sœurs de Marie

Aux Philippines

Un système de visio-conférence et une meilleure connexion à Internet ont été installés dans chaque salle de classe, afin que les professeurs puissent donner de vrais cours à distance. Depuis juin, nous avons autorisé une partie des professeurs (environ 40 %), notamment ceux qui dispensent les formations professionnelles et dont la présence en face à face est nécessaire, à revenir sur le campus. Ainsi, certains professeurs donnent désormais leur cours en présentiel, tandis que d'autres continuent à distance.

Au Mexique

Les cours ont été suspendus depuis le 12 mars, sur ordre du gouvernement. Dans le Village pour garçons de Guadalajara, les professeurs envoient leurs leçons avec les activités pour toute la semaine par email. Les professeurs stagiaires donnent ensuite les cours : six heures par jour du lundi au vendredi et deux heures le samedi. Le samedi, les professeurs viennent à l'entrée du Village récupérer les exercices et les tests. Ils les corrigent, attribuent les notes et transmettent ensuite le tout par email. Dans le Village pour filles de Chalco, les filles ont cours par visio-conférence avec leurs professeurs le matin. L'après-midi, elles suivent les cours dispensés par les professeurs stagiaires. Les Sœurs sont en lien constant avec les professeurs pour tout ce qui a trait à l'évaluation des enfants. Des activités extra-scolaires sont également organisées en extérieur : lecture, jardinage, jeux de société, dessins, visionnage de films pédagogiques, tournois de sport...

Les cours ont pris fin le 10 juillet, avec la cérémonie de remise de diplôme pour les dernières années. Des représentants du ministère de l'éducation mexicain étaient présents virtuellement. Les élèves diplômés ont quitté l'école le 12 juillet. 

Au Guatemala

Depuis mai, nous avons mis en place des cours par vidéo pour les élèves de toutes les années, grâce à Zoom et Google Meet. Deux professeurs sont restés sur le campus pour l'enseignement des mathématiques et de l'espagnol et trois anciens élèves font de l'aide aux devoirs, le soir. Nous avons dû annuler, de mars à mai, certains cours pratique comme la musique, l'éducation physique ou la cuisine.

Au Honduras

Un compte YouTube a été créé pour permettre aux professeurs de partager leurs cours en vidéo. Nous avons également utilisé Zoom, pour permettre à chaque classe de suivre les cours de leur professeur à distance : un ordinateur, des haut-parleurs et un projecteur ont été installés dans les salles de classe pour permettre aux enfants de bien voir et entendre leur professeur. Cela fonctionne très bien. Les professeurs stagiaires ont également parfois pris le relais pour donner certains cours et pour aider les enfants avec leurs devoirs.  Par ailleurs, les élèves du lycée continuent de suivre leur formation professionnelle, grâce à l'enseignement des anciens élèves. 

Au Brésil

Les cours se sont poursuivis dans le Village pour filles de Brasilia ainsi que dans l'école primaire du Village de Sao Paulo, grâce aux plate-formes digitales. Depuis chez eux, les professeurs envoient chaque jour leurs cours et les élèves leur envoient leurs exercices pour correction. Dans le Village de Sao Paulo, cette plate-forme n'est pas accessible à tous, alors les Sœurs impriment chaque semaine les activités et les laissent à l'entrée du Village, afin que les parents puissent les récupérer.

Un groupe WhatsApp a été créé dans chaque classe. Les élèves peuvent y vérifier l'activité du jour et envoyer à leur professeur leurs questions. Les Sœurs suivent les progrès des enfants grâce à ces groupes WhatsApp. Elles ont également créé des blogs pour partager les activités des Villages.

En Tanzanie

En raison de la décision du gouvernement de fermer toutes les écoles et tous les pensionnats du pays, les Sœurs n'ont pas eu d'autre choix que de laisser les filles rentrer chez elles, le 17 mars dernier. Les Sœurs ont continué à envoyer les leçons préparées par les professeurs par WhatsApp aux points de contact qu'elles ont dans les districts où habitent les filles (autorités du clergé ou du ministère de l'éducation), puisque la plupart des familles n'ont pas accès à l'électricité ni à Internet. Afin de garder le contact, les Soeurs ont joint régulièrement par téléphone les filles qui avaient accès à ce moyen de communication. Elles sont également allées rendre visite aux filles qui habitaient à proximité du Village.

Pendant cette période, la plupart des filles ont travaillé pour gagner un peu d'argent. Beaucoup d'entre elles ont travaillé dans les champs. Certaines ont pu utiliser les connaissances acquises dans le Village : ayant appris la couture, elles ont pu vendre des habits qu'elles avaient elles-mêmes réalisés, ou grâce aux cours de pâtisserie, elles ont préparé des gâteaux et du pain qu'elles ont vendu dans la rue. L'une d'entre elles a même appris à ses voisins à se servir d'un ordinateur ! Certaines ont mis en place des tutorats pour les élèves de primaire de leur quartier. En général, leur entourage a été très impressionné par l'évolution des filles, que ce soit dans leur comportement ou au regard des connaissances et des compétences acquises dans le Village.

Le 29 Juin, le gouvernement tanzanien a annoncé la réouverture des écoles. 309 filles sont alors revenues dans le Village. Aujourd'hui, elles travaillent dur à l'école pour rattraper leur retard et être prêtes pour un examen national qui se tiendra en novembre. Elles sont heureuses que le Covid-19 n'ait pas affecté trop sévèrement la Tanzanie, mais les Sœurs restent prudentes... Chaque élève doit porter un masque et se désinfecter régulièrement les mains. "

Les garçons d'Adlas, aux Philippines, en visio-conférence avec leur professeur

A Chalco, au Mexique, les filles et les Sœurs ont pratiqué le jardinage pendant le confinement

Les Sœurs et les filles du Village de Zona 13, au Guatemala, confectionnent des masques

Les garçons d'Amarateca, au Honduras, très studieux avec leur professeur-stagiaire

Les filles du Village de Brasilia, en atelier création

Les filles de Tanzanie ont repris le chemin de l'école le 29 juin