Fin octobre 2021, deux de nos donateurs se rendent au Brésil avec leurs 4 enfants pour découvrir les programmes des Soeurs de Marie. Voici leur récit.
Arrivés dans l’énorme mégalopole paulista, nous allons passer trois jours dans la grande banlieue, au sud de la ville. Nous avons pris rendez-vous avec les Soeurs de Marie, qui, dans la plus grande discrétion, viennent en aide aux enfants pauvres parmi les plus pauvres. Six Soeurs, aidées de salariés brésiliens, professeurs, chauffeurs, cuisiniers, prennent en charge 450 enfants entre 3 et 10 ans, pour leur offrir deux repas par jour, un uniforme, des affaires scolaires et bien sûr des cours de qualité. Dans les favelas de Sao Bernardo, qu’on appelle à présent “comunidades”, nous visitons les familles décomposées de Miguel, Yara, Maryana, Esther, Samira et une dizaine d’autres qui vivent dans une très grande insalubrité et précarité. Nombreuses d’entre elles sont venues du Nordeste, du Maranhao principalement ou de Bahia, car en descendant dans le sud, elles espèrent recevoir des aides. Mais, elles perdent leurs terres et bien souvent leur dignité. Dans chacune d’elles, les Soeurs de Marie, armées d’un amour inconditionnel,
prennent en charge l’un des enfants, souvent le plus jeune, pour pouvoir le faire grandir depuis la première année de maternelle jusqu’à la fin du primaire.
Ce village pour enfants,“Vila das crianças”, est l’un des 13 dont s’occupe cette communauté de religieuses à travers le monde et le deuxième au Brésil, après celui de Brasilia (850 enfants).
Dans les autres Villages, les Soeurs s’occupent de jeunes à partir de 10 ans, en pension complète, et les suivent jusqu’à la fin de leur formation professionnelle. Ceci afin qu’ils puissent se lancer dans la vie et soutenir leurs familles. Mais à Sao Bernardo, elles ont ressenti un besoin urgent de venir en aide aux plus jeunes.Elles tentent chaque jour, avec beaucoup de fermeté, de redonner confiance en eux aux enfants dont elles s'occupent. Du lundi au vendredi, elles tricotent avec patience un tissu d'amour autour des petits. Elles aimeraient tant faire plus…
Quelle émotion de nous rencontrer les uns les autres ! Nous ne nous attendions pas à un accueil aussi chaleureux : les 450 enfants en rang d’oignon à l’entrée de l’école, les chants appris pour nous, les sourires, les dessins… On voudrait tant se rendre utiles, mais il faut accepter d’être reçus comme des princes et que cela suffise. Superbe messe au milieu d’eux, avec le Padre Ryan, un jeune prêtre californien qui a tout abandonné depuis 15 ans, pour s’installer dans une communauté encore plus perdue que celle
de Sao Bernardo et dans laquelle nous serons également invités plus tard… Nos quatre enfants ont été accueillis dans les classes du Village, au milieu des petits brésiliens ravis, à qui nous avons fait une présentation de la France. La “Torre Eiffel”, les montagnes enneigées et le sapin de Noël, le fromage, la coupe du monde de foot sont autant de sujets qui ont suscité des cris de joie et d’admiration. Ces jours passés là-bas ont été très forts pour nous six.
Nous avons été invités, un mois et demi plus tard, dans l’autre Village pour enfants tenu par les Soeurs de Marie. Trois jours très émouvants dans cette pension pour filles entre 12 et 19 ans. Les Soeurs s’occupent de jeunes filles venant des états les plus pauvres du Brésil : le Para, le Maranhão, le Tocantins… à partir d’un niveau académique équivalent à la 5ème jusqu’à la fin de la Terminale. 850 filles ainsi sorties de la misère, écoutées, aimées, portées par ces Soeurs dont la congrégation a été créée à l’origine en Corée et aux Philippines, pour qu’elles soient « mères des orphelins des rues ». Les religieuses ont donc vraiment le sens maternel avec ces fillettes qui ne retrouvent leurs familles qu’une fois par an pour les grandes vacances, autour de Noël (mais l’année dernière, à cause de la pandémie, aucune n’a pu rentrer chez elle ; voilà donc deux ans qu’elles n’ont pas vu leurs parents).
Des classes de 80 filles, des dortoirs de 40… Le peu d’intimité peut sembler dur pour un premier regard extérieur. Pourtant, les filles, guéries des blessures qu’elles portent en entrant dans l’école, sont très joyeuses, extrêmement disciplinées et font preuve d’une grande maturité et d’aisance à l’oral. Comme le prouvent leurs questions très
pertinentes à propos d’économie, de politique ou d’écologie pendant nos présentations sur la France. Brieuc et nous en profitons pour progresser à vitesse grand V en portugais. Non satisfaites de leur fournir une instruction de qualité pendant six années (en vidéo avec des professeurs à distance à cause du COVID depuis un an et demi), les Soeurs ont mis en place des formations professionnelles pour les dernières années, et des cours de cuisine, couture, musique, chant… Les jeunes filles, toutes sveltes et en bonne santé, ont accès à un cabinet de dentiste en interne, un suivi psychologique, des installations sportives et deviennent de véritables athlètes. Effort et bonne volonté sont les maîtres-mots. Irma Julie, Irma Melinda et les autres Soeurs ont également ouvert des classes de maternelle pour une quarantaine d’enfants des environs dans lesquelles nos filles ont été accueillies. Elles y récoltent des coeurs en pagaille de Miguel, Henzo, Estefanie... et des deux adorables institutrices.
Vendredi 3 décembre, nous assistons à la cérémonie de remise des diplômes de 85 jeunes filles en uniforme, formées pour être secrétaires, dentistes, infirmières. Cérémonie dont Louis, mon mari, est l’un des jurés en tant que bienfaiteur, mais surtout en tant qu’ami, car nous aurons l’impression en quittant les lieux d’avoir reçu tant d’affection et de reconnaissance. Après la messe et le sermon d’un super prêtre de Washington, la cérémonie commence avec entrée en grande pompe des diplômées, puis des drapeaux et hymne national, main sur le coeur. Engagement solennel des filles à continuer à servir à travers le monde, à faire preuve de générosité et d’ouverture. « Vous avez une voix, servez-vous en, défendez toujours le plus pauvre, et même celui qui n’est pas pauvre et qui est attaqué » leur dit-on. « Vous avez un coeur, servez-vous en, remplissez-le de compassion, vous dont les Soeurs ont tant partagé les souffrances, à votre tour à présent de souffrir avec les autres filles de votre entourage ». Leur mission : en sauver au moins une, lui rendre sa dignité ! « Vous avez des mains, travaillez, ne cherchez pas à changer le monde, mais seulement ceux qui vous entourent, chaque
jour, une personne après l’autre ». Elles sont devenues des femmes, elles ont été aimées comme des filles, leur dit la mère supérieure, Irma Teresinha, refoulant ses larmes, qu’elles soient à présent courageuses.
Quelle leçon ! Clôture de la cérémonie par un spectacle de plusieurs chorégraphies de samba, taekwondo et capoiera. Ma fille de 5 ans lance des « Tchau » sonores, en levant la main telle la reine d’Angleterre : il est temps pour nous de les quitter, couverts de petits présents, avec l’espoir de pouvoir faire toujours plus pour cette oeuvre de charité au bilan si positif : l’utilisation des fonds semble très efficace. Mille euros par enfant* et par an pour les prendre totalement en charge et les faire grandir dans un cadre exceptionnel. Après avoir passé du temps dans le sud du Para, en bordure d’Amazonie, dans les villes mêmes dont viennent les jeunes filles rencontrées dans le
Village de Brasilia, dans leurs familles, auprès de leurs petits frères et soeurs dévastés par la drogue et la prostitution, nous pesons encore mieux l’importance de cette éducation qui, tout simplement, sauve des vies.
Caroline, 36 ans, mère de famille de 4 enfants, en voyage familial sur l’année 2021-2022
*en 2020. Le coût par enfant est de 1 236 € par enfant en 2021
Rencontre avec les petits
Les petits du Village de Brasilia
Visite des familles
Remise de diplôme au Village de Brasilia
Louis aux côtés des diplômées
Clôture de la cérémonie de remise de diplômes par des spectacles
Les enfants posent avec les Soeurs